lundi 23 novembre 2009

Qui est Marouba FALL ? *

Lorsqu’il m’a été demandé de présenter notre hôte de ce jour j’étais très perplexe. Moi-même j’avoue que je ne connaissais pas M. FALL. Les quelques rencontres que nous avons eues ne m’ont jamais permis de découvrir la personnalité complexe qui se cache derrière ses lunettes noires. Se cache-t-il véritablement ou dissimule-t-il une personnalité que seule l’écriture permet de découvrir ? Pourtant « ku wax feeñ »¹, comme le disent les wolofs, ce qu’il ne peut ignorer. En effet Marouba Fall est ce que l’on pourrait appeler un « boy Dakar » doublé d’un « éternel jeune ». Malgré ses 59 ans – il est né le 21 décembre 1950 à la Gueule Tapée-, il ne cesse de s’intéresser à la jeunesse, tant celle de ses quartiers que la masse de ses jeunes collègues avec lesquels il se confond facilement.


Boy Dakar disais-je, parce que M. FALL est né dans la capitale sénégalaise où il a fait toutes ses études : l’école primaire, les cycles moyen et secondaire et l’université avant de s’y former au métier d’enseignant. Comme professeur de français, Marouba Fall a servi au CEMT des Filles devenu Collège Martin Luther King, aux lycées Blaise DIAGNE et Limamou Laye de 1973 à 1999. Donc à 49 ans il n’a jamais servi hors de Dakar. Son admiration pour SENGHOR l’amènera à briguer et à obtenir le poste de proviseur du lycée qui porte le nom de l’éminent poète pour se ressourcer à Joal la Glorieuse de 1999 à 2004. Il quitte Joal pour occuper les fonctions de proviseur au lycée Galandou DIOUF de Dakar de 2004 à 2006.



Amoureux de la langue et des belles-lettres, Marouba Fall aura laissé son empreinte partout où il est passé. Fin observateur de la société sénégalaise, il analyse cette dernière dans sa diversité et sa complexité. Son inspiration explore les grands genres que sont la poésie, le roman et le théâtre. Naviguant entre « jeu » et « aveu », il mêle différentes aires. Poète, romancier, dramaturge et même metteur en scène Marouba manie avec aisance la plume. Cette même aisance se retrouve dans ses sources d’inspiration. En effet, il puise dans l’histoire ancienne comme récente, dans la religion, dans la société dont il offre le reflet tel un « miroir ». De ses œuvres l’on retiendra :

De la Bible au fusil, une pièce de théâtre publiée en 2006 mais écrite en 1977, proche de Entre Dieu et satan, un roman dans lequel il analyse une société sénégalaise face à un de ses paradigmes majeurs, la problématique d’une foi dans les religions dites révélées qui cohabitent avec un animisme résiduel. Chaka ou le roi visionnaire (1984) et Adja, militante du G.R.A.S (1985) sont deux pièces de théâtre qui exaltent l’histoire africaine. Aliin Sitooye Jaata ou la dame de Kabrus (1996) est une autre pièce de théâtre où il analyse le douloureux mouvement indépendantiste casamançais. Le Miroir est une grande œuvre dramatique écrite en 1993 et publiée en 2005. Il fait le tour du Sénégal avec la troupe Le Météo Théâtre créé par l’auteur lui-même. Dans sa poésie Marouba aborde des thèmes aussi variés que le travail, la renaissance et la revalorisation de l’Afrique. Cri d’unAassoiffé de soleil (1984) exalte son goût de la liberté et le désir de reconnaissance d’une liberté qui trouve les carcans de la société trop étroits. Pépites de terre (2004) célèbre l’Afrique, la femme, le travail, la vie…., dénonce l’émigration et la fuite des cerveaux. Fidèle à ses convictions, son auteur ne quitte le pays que pour prendre part à des foras ou à des festivals à travers le monde. Le reste de son temps est partagé entre ses activités professionnelles, la vie de son quartier de la banlieue dakaroise- Guédiawaye- et bien sûr sa passion de tous les jours, l’écriture.

Avec le roman, Marouba aborde des thèmatiques majeures de l’humanisme moderne. Betty Allen ou la liberté en question (2007) repense la liberté et la relativité des valeurs dans un univers mondialisé dont les personnages semblent emportés par le feu de l’amour. Le thème de l’amour constitue le fonds de ce que beaucoup considèrent comme son chef d’œuvre. En effet La Collégienne reste un roman de tous les temps qui, au-delà de l’analyse poignante, parle à tous les acteurs de l’éducation- les professeurs en particulier- quels que soient leur époque et donc leur choix.

Parcourir l’œuvre de Marouba fait naître une passion : celle d’une vie remplie et d’une œuvre protéïforme qui se côtoient mais dont les limites sont très diffuses. Il a produit plusieurs œuvres inédites ainsi que beaucoup d’articles sur la littérature, le dialogue des cultures, la politique, etc.

Marouba Fall est lauréat de plusieurs prix :

-le 3ème prix du Concours théâtral Interafricain décerné par RFI avec Adja, Militante du G.R.A.S en 1981

-le 1er Prix International de Poésie au Symposium Littéraire de Brazzaville en 1987 avec le poème « Dernière aube d’un poète » extrait de Pépites de terre

- le prix de la Meilleure Technique Théâtrale aux Journées Théâtrales de Carthage en 1991 avec Chaka ou le Roi Visionnaire.

Depuis 2006, M.Marouba FALL est mis à la disposition de la Direction des Ressources Humaines du Ministère de l’éducation nationale.





1- parler c’est se dévoiler

Emanuel dit Magou FAYE
Professeur au lycée de Ouakam



* Texte de présentation de Marouba FALL écrit et lu à l’occasion de l’hommage que l’Association Sénégalaise des Professeurs de Français (ASPF) ont rendu à l’écrivain, le mercredi 11 novembre 2009, à 15 heures, au Restaurant LES SAVEURS.

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